Témébara – la suite
Crédit Photo: Eric Pierron – Saint-Jean-des-Arts
Crédit Photo: Eric Pierron – Saint-Jean-des-Arts
Apprentie de la grâce
Sur le corps des pierres
Le geste fluide des courants
Ponce la surface du temps
Sans relâche
Le papier de verre de ton regard
Embellit les veines du monde minéral
Décèle la ligne fragile d’un soupir marin
Elève la sensible nageoire d’un bloc
Dans le reflet du ciel
Sans habitude
Apprentie de la grâce
Le mouvement filant de l’eau
Sur la pointe des doigts
Propulse mes mots du fond des forces
Jusqu’à la légèreté du marbre
Apprentie de la grâce
Les éclairs du marteau
L’énergie appuyée du burin
Le polissage brutal de la meule
Révèlent l’écume des masses
Le galbe nutritif des formes
Et la poussière soufflée des étoiles.
Christophe Forgeot, poète
C’est l’émotion qui me guide, que celle-ci vienne de la forme ou du sujet. Je travaille la tôle d’acier qui, bien que froide, dure et rigide, me permet pourtant de réaliser des formes émouvantes, voire sensuelles.
Malgré tout, mes pièces sont généralement abstraites : au lieu de représenter, je préfère suggérer pour émouvoir. En outre les contraintes imposées par la tôle amènent un peu d’incertitude: ainsi la forme obtenue est un peu comme nous, elle a une part d’inné et une part d’acquis.
Dans les année 90, j’associais des trames et des codes divers au corps humain. Plus récemment, c’étaient souvent des contours de paysages, retournés, entremêlés, qui servaient de trame à mes tableaux.
Une dizaine d’années plus tard, on retrouve la même démarche. Il faut croire que c’est ma manière de tenter de mettre en valeur l’émotion que j’ai pu ressentir face à ce sujet.
De 2003 à 2006, j’arrive à concilier peinture et sculpture, pratiquant la première l’été et la seconde l’hiver. De 2007 à 2008, je peins de moins en moins, le fer m’accaparant de plus en plus.Depuis 2009, je n’ai peint que des socles de sculptures.
J’ai lu un jour cette citation d’un écrivain sud-africain, J-M Coetzee, considérant que son rôle d’écrivain est d’être un « secrétaire de l’invisible.
Cette définition me convient assez bien en tant que plasticien. En effet, le plasticien, s’il ne montre que difficilement l’invisible, révèle pourtant souvent des aspect cachés ou méconnus des choses, en montrant sous un jour particulier ou en les associant de manière inhabituelle.
Un autre aspect, essentiel à mes yeux, du rôle de l’artiste, c’est la subversion ou tout au moins, en restant modeste, l’étonnement : L’artiste doit être un peu le fou du roi, celui qui ose montrer ce que l’on veut cacher, et qui aussi, pour étonner les autres, accepte d’être étonné lui-même.
Enfin le mortier qui lie la révélation et la subversion ou l’étonnement, et qui pour moi est indispensable à l’ouvre d’art, c’est l’émotion, déjà mentionnée plus haut. J’essaie donc,autant que faire se peut, de faire des choses qui m’émeuvent moi-même, en espérant ainsi pourvoir faire partager cette émotion aux autres.
Une citation personnelle pour finir : « J’ai une seule certitude : Il faut constamment douter.
Né au Guatemala 1972
Maitrise d’art, université de Georgia, USA 1995
-1995 Création d’une Académie d’Art « Casa Azul », Guatemala
-1998-2000 fonderie de bronze, San Diego ART Casting Institute USA
Lieux d’expositions de sculptures de 2000 à 2018 :
Guatemala
Mexico
Costa Rica
Miami, Houston, – – Denver, Atlanta, USA
Argentine
Allemagne
Œuvres monumentales In situ :
France
Nuremberg, Allemagne
Guatemala
Savoie, France
Actuellement enseignant de sculpture à l’Université « La Maroquin », Guatemala
Je me présente…
Dés mon entrée aux Beaux Arts, à 18 ans, la pratique du dessin est une révélation heureuse et fulgurante, une passion solitaire, qui marque le début d’un investissement total.
Mon travail sera figuratif jusqu’aux années 90, puis l’image narrative s’effacera au profit de l’expérience d’une peinture abstraite entre impulsion et sobriété. Elle est rapide et gestuelle puis réorganisée par retraits et superpositions et soucieuse d’une certaine qualité de texture. J’utilise peu de couleurs, du moins peu de couleurs qui se côtoient. Elles s’apparentent, selon ma perception, à l’ombre et à la lumière naturelles, s’organisent en architectures et clairs obscurs qui, conjugués à des couleurs terre, peuvent parfois…
J’utilise peu de couleurs, du moins peu de couleurs qui se côtoient. Elles s’apparentent, selon ma perception, à l’ombre et à la lumière naturelles, s’organisent en architectures et clairs obscurs qui, conjugués à des couleurs terre, peuvent parfois créer une impression de familiarité et nuancer le qualificatif de peinture abstraite.
Je suis dans une économie de moyens, souvent dans la récupération de mes propres déchets picturaux, dans une sorte de « non intention », me laissant embarquer par la peinture.
Mes outils, simples et traditionnels me suffisent pour poursuivre cette expérience toujours aussi passionnante d’une peinture qui prend forme et s’incarne d’une façon inattendue, nécessaire, autonome et bienfaisante à la fois. Bienfaisante en ce sens que, si une peinture est habitée, elle m’accompagne, me rassure, et, d’une certaine façon, je ne suis plus seule.
Je peins à l’intérieur mais je dessine en extérieur. Ce travail là, modeste, et ressourçant est un moment de plaisir et de liberté, un “jeu de distance” entre mon espace intime et mon environnement, la façon la plus sensuelle et émouvante que je connaisse d’être dans la nature.
Catherine Guiraud
mars 2019