Jean-François Cholley
Vit et travaille à Avignon
Après avoir travaillé très longtemps dans l’édition, la publicité, le reportage et le portrait, je me suis spécialisé au fil des ans à ce que l’on nomme maintenant « la photographie alternative » qui consiste à obtenir des images avec des techniques manuelles anciennes depuis le Daguerréotype des années 1840 jusqu’aux techniques artisanales du XXIe siècle.
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Cynanotype
Pour la série des “grands nus bleus” c’est un procédé au sel de fer , le cyanotype, un mélange de citrate de fer et de ferrycyanure de potassium qui est couché sur un papier d’art, Ici je le travaille un peu comme un calligraphe, en allant chercher dans la dynamique du trait de pinceau, une énergie qui transcende paradoxalement la statique de le la pose ….
Gomme bichromatée
Je vais vous parler du plaisir et du mystère… Il y a dans le procédé de tirage à la gomme bichromatée un rapport physique avec l’image et la matière: je suis comme un enfant jouant dans la boue. L’image latente est contenue sous une couche de terre (pigment) qui va se révéler après un dépouillement dans l’eau de peut-être plusieurs heures.
Cette technique inclut une distanciation pour transformer le réel en image, le procédé même permet de se débarrasser de l’excédent de matière par intervention manuelle, d’épaissir certaines parties, de faire disparaître les détails anecdotiques, l’image prend du poids au sens propre et au sens figuré, la terre se superpose dans les ombres et donne une impression de troisième dimension…
Ce procédé se prête bien au travail sur le nu en photographie. C’est un exercice que je trouve fort périlleux avec les procédés traditionnels (couleur ou noir et blanc)… J’essaie de réaliser plutôt des images intemporelles, sorte d’archétype qui viendrait du fond de l’inconscient, les visages apparaissent peu. Je pense que le procédé même entretient le paradoxe de la photographie comme remise en cause du réel. Tout photographe s’est posé’ un jour la question: cette image, d’où vient-elle ? Le procédé contient et entretient le mystère.
J’aime l’idée que l’image du corps est enfouie dans la terre, sous les couches successives de pigment, j’aime ce moment, cette naissance, quand les contours se dessinent, j’aime cette terre qui repose au fond de la cuve après le lavage, j’aime cette empreinte sur la feuille; l’histoire de l’homme ne remonte-t-elle pas à une histoire de trace dans la terre…