Michel Schmid
C’est l’émotion qui me guide, que celle-ci vienne de la forme ou du sujet. Je travaille la tôle d’acier qui, bien que froide, dure et rigide, me permet pourtant de réaliser des formes émouvantes, voire sensuelles.
Malgré tout, mes pièces sont généralement abstraites : au lieu de représenter, je préfère suggérer pour émouvoir. En outre les contraintes imposées par la tôle amènent un peu d’incertitude: ainsi la forme obtenue est un peu comme nous, elle a une part d’inné et une part d’acquis.
Dans les année 90, j’associais des trames et des codes divers au corps humain. Plus récemment, c’étaient souvent des contours de paysages, retournés, entremêlés, qui servaient de trame à mes tableaux.
Une dizaine d’années plus tard, on retrouve la même démarche. Il faut croire que c’est ma manière de tenter de mettre en valeur l’émotion que j’ai pu ressentir face à ce sujet.
De 2003 à 2006, j’arrive à concilier peinture et sculpture, pratiquant la première l’été et la seconde l’hiver. De 2007 à 2008, je peins de moins en moins, le fer m’accaparant de plus en plus.Depuis 2009, je n’ai peint que des socles de sculptures.
J’ai lu un jour cette citation d’un écrivain sud-africain, J-M Coetzee, considérant que son rôle d’écrivain est d’être un « secrétaire de l’invisible.
Cette définition me convient assez bien en tant que plasticien. En effet, le plasticien, s’il ne montre que difficilement l’invisible, révèle pourtant souvent des aspect cachés ou méconnus des choses, en montrant sous un jour particulier ou en les associant de manière inhabituelle.
Un autre aspect, essentiel à mes yeux, du rôle de l’artiste, c’est la subversion ou tout au moins, en restant modeste, l’étonnement : L’artiste doit être un peu le fou du roi, celui qui ose montrer ce que l’on veut cacher, et qui aussi, pour étonner les autres, accepte d’être étonné lui-même.
Enfin le mortier qui lie la révélation et la subversion ou l’étonnement, et qui pour moi est indispensable à l’ouvre d’art, c’est l’émotion, déjà mentionnée plus haut. J’essaie donc,autant que faire se peut, de faire des choses qui m’émeuvent moi-même, en espérant ainsi pourvoir faire partager cette émotion aux autres.
Une citation personnelle pour finir : « J’ai une seule certitude : Il faut constamment douter.